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Il faut savoir finir une guerre

On peut tout à la fois être patriotique, et sceptique à la « lecture » des résultats militaires de la coalition en Afghanistan sans remettre en cause son soutien à ceux qui œuvrent pour la paix, si loin de France, ni aux gouvernants en charge de cette guerre. Par Hadès

130.000 militaires sont à pied d’œuvre en Afghanistan et la stratégie employée piétine. Il conviendrait de se demander pourquoi afin d’anticiper les déconvenues du fameux transfert des compétences vers des forces afghanes dont on attend un peu trop, surdimensionnant leur supposée capacité à prendre les rênes avec succès. Quel succès ? Celui d’une paix installée et contrôlée par les 130.000 soldats de l’OTAN ? Cette paix, nous venons d’en avoir un terrible échantillon par la mort de 5 de nos soldats dans un type d’offensive assez nouveau dans la région et précisément contre nos troupes : l’attentat suicide.

Ces actions ne contribuent pas à donner à la population locale un sentiment de sécurité et de contrôle de la situation par les forces de l’ISAF , et ne tarderont pas, bien au contraire à lui faire craindre le pire une fois les Afghans en charge de cette sécurité. Afghans à peine formés, illettrés pour beaucoup et à la loyauté douteuse. On peut toujours afficher les mamours des instructeurs de l’OTAN avec leurs souriants élèves, des séances d’énervement ont été observées ci et là et force est de constater que l’instruction dispensée prend plus non seulement plus de temps que prévu mais nourrit les rivalités claniques.

L’armée afghane et la police ont recruté plus de 150.000 hommes sans être trop regardant sur les CV et motivations d’hommes qui pourraient être tentés, une fois l’uniforme enfilé, par d’autres horizons s’ils ne sont pas tout simplement de gentilles taupes dormantes jusqu’au réveil programmé par les barbus.

150.000 hommes, c’est autant en dotation d’armes et de munitions qui pourront trouver un usage autre que légaliste dans ce pays qui n’attend qu’une chose : le départ de l’OTAN pour ranimer les querelles claniques et s’emparer d’un pouvoir aux institutions fantômes. Les bonnes intentions de Washington, Londres ou Paris n’y feront rien. Nous avons trop rêvé pour ce pays, mais une chose est certaine : quoi qu’il arrivera, nul ne peut nous reprocher de ne pas avoir tenté le meilleur pour le peuple afghan. La raison primaire de notre présence en Afghanistan était, ne l’oublions pas, l’éradication d’Al-Qaïda, c’est fait pour « celui-là », ne soyons pas plus royaliste que le roi et partons.

Si d’aventure, comme je le disais dans un autre papier, des terroristes nouveaux venaient à nous menacer, et bien sortons à ce moment là nos missiles de croisière et poursuivons à distance nos actions contre-terroristes.

Nous n’avons pas de responsabilité morale ou de devoir éternel envers un pays qui choisirait une voie qui ne serait pas, à nos yeux d’occidentaux, conformes à nos valeurs. Partons rapidement avant que d’autres cérémonies aux morts nous rappellent notre vulnérabilité en ces terres hostiles.

Affirmer que la sécurité est en bonne voie et admettre en même temps que l’année 2011 est la pire en la matière est difficile à comprendre même si l’accroissement de nos actions militaires et de leurs succès amène d’immanquables réactions talibanes. Ces actions ont certes permis la destruction de réseaux talibans mais ont renforcé, auprès de population, un sentiment antioccidental très violent.

Les renforts américains sont directement responsables de l’éradication d’unités combattantes talibans mais, par contre courant, génératrices de nouveaux foyers d’insurgés ailleurs que dans le sud où étaient concentrées toutes les actions américaines avec donc une extension de l’insurrection renforcée de forces terroristes exogènes aux Afghans.

Nos forces sont donc, à la manière afghane du temps des soviétiques, harcelées sans recherche de combat direct. Le calendrier de retrait étant fixé, les talibans n’ont qu’une chose à faire, piquer comme des mouches et attendre le grand départ pour s’emparer de Kaboul. La Kapisa, zone dévolue aux Français, devient la région la plus sensible, un boulevard entre l’Afghanistan du nord et le Pakistan, couloir emprunté par des renforts aux insurgés, sans contrôle possible et, surtout, ouvert à moult mouvements islamistes.

Des soldats vont encore mourir pour nos valeurs et pour la France ; partir vite c’est en limiter le nombre. Notre engagement en Afghanistan, auprès de nos alliés est certes légitime mais devenu plus dangereux encore. Nous avons donc prévu d’être rentrés pour l’été 2014, ce désengagement progressif risque d’être exploité par les insurgés qui, prévenus des diminutions d’effectifs et d’intentions de retraits pourront circuler à leur gré dans un territoire devenu désormais le leur à part entière nous harcelant jusqu’au dernier jour.

L’Afghanistan est décidément un piège mortel mais pour reprendre la phrase de Nicolas Sarkozy : « Il faut savoir finir une guerre ».

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